Yasawa : encore une histoire de cochon !

Publié le par Voyage du catamaran Lifou

Au départ de Savusavu, cap sur les Yasawa islands. Pour y arriver il faut traverser la Bligh Water, une mer intérieure dans l’archipel des Fiji. Elle a aussi son histoire, tout le monde connait le capitaine Bligh, le tyran du Bounty c’était lui. Abandonné par les mutins du Bounty sur des barques, le Capitaine Bligh et ses hommes ont dérivé pendant des semaines, et en particulier ont traversé cette zone. En arrivant à proximité des iles Yasawa ils ont été poursuivis par des cannibales et  leur ont échappé de justesse.

Nous sommes sereins, les bons pères ont évangélisé les populations et le dernier acte de cannibalisme aux Fiji a eu lieu il y a 140 ans …. Aux Yasawa.

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Nous mouillons dans la baie sud de l’ile principale, c’est grandiose, plusieurs petits ilots ferment la baie, à marée basse des bancs de sable apparaissent et permettent de passer presque à pied sec.

La première chose à faire, c’est se présenter au chef du village, et de lui offrir un cadeau. C’est la cérémonie du Sevusevu.     KavaAccompagnés de Ratu, un jeune rencontré alors qu’il était à la pêche, nous nous rendons auprès du chef armés de notre bouquet de Kava. Le bouquet de Kava s’achète au marché. Il y a 2 tailles, selon l’importance du chef. Comme on n’a aucune idée de la hiérarchie on a décidé que l’on n’aurait affaire qu’à des petits chefs, donc petits bouquets !  Le chef nous souhaite la bienvenue, accepte notre cadeau, et nous encourage à aller visiter les grottes, et à nous promener comme on le souhaite dans le village et aux alentours. Ratu nous fait visiter le village et nous amène jusqu’à l’école et au terrain de rugby, entrainement tous les soirs !

 En revenant nous faisons une pause chez son oncle Joe. C’est le soir, assise au pied du cocotier la famille prend le frais. Le contact est facile. Rendez-vous est pris pour le lendemain pour aller à la pêche. La pêche c’est toujours un bon moyen de contact. Pour les iliens c’est une activité primordiale, ici le poisson est la base de la nourriture avec le kasawa (manioc) et la coco.

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Nous sommes invités à manger le soir même. Nous sommes installés avec Joe, Alesi et leurs deux enfants Pauline 11 ans et Apé 9 ans dans le « bure », la hutte traditionnelle couverte en chaume. C’est le matériau le plus isolant contre la chaleur et le moins sonore. De l’intérieur on peut admirer la charpente en demi-ovale…à la lumière d’une petite lampe à piles car ce soir-là le groupe électrogène du village n’était pas en service. On est tous assis sur des nattes qui couvrent le sol de la pièce, autour d’une nappe colorée couverte par les plats de poisson frit, poisson fumé cuit dans le lait de coco, kasava, roti et riz blanc, le tout cuisiné au feu de bois dans la cuisine attenante .

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Soirée très sympa pendant laquelle Joe et Alesi nous font partager leur mode de vie et leur joie de vivre. Ape s’endormira sur place à même la natte aussitôt sa dernière bouchée avalée. Les journées commencent tôt au village et les enfants ne font pas de sieste réparatrice …réservée aux hommes qui se reposent 5 heures par nuit et 2 à 3 heures en début d’après-midi.

Alesi aime profiter du début d’après-midi et m’invite à la rejoindre. Un bon moment pour les papotages entre femmes et des échanges de savoir-faire en artisanat, en art du thé, délicieux thé de feuilles de citron servi avec du fruit d’arbre à pain cuit dans le lait de coco. Je me régale et eux apprécient aussi mes gâteaux au chocolat.

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Les Fiji, c’est tout un art de vivre ! Après nos activités de l’après-midi, assises sur le banc-salon –sous le-cocotier, Alesi  me propose de nous relaxer. Je la regarde perplexe et je la vois s’allonger  sur ledit banc en me proposant de prendre mes aises sur un autre côté.

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Je m’allonge donc pour continuer notre conversation de façon encore plus détendue !!! Fiji time…

 

DSCF0432L’île de Sawa-I –Lau est le sommet culminant de la baie, comme tout bon montagnard, il nous faut monter là-haut. Avec ces 200m de dénivelé, il n’y a pas de quoi nous effrayer, le plus difficile est de trouver le chemin…. Joe est tout content de nous servir de guide. C’est un guide parfait, il nous raconte des légendes et histoires du pays, et nous informe sur les coutumes du « clan ». Le « clan » c’est un ou plusieurs villages des fois une ile entière, il est dirigé par un chef, c’est un rôle héréditaire qui peut aussi être tenu par une femme. En ce moment c’est d’ailleurs une femme qui est chef du clan, c’est la grand-mère de Ratu. Ratu nous a pourtant amené devant un homme pour la cérémonie du Sevusevu ? Oui, il nous a amené devant le maire, lui est élu (et payé par l’état)!  Ratu savait que nous amènerions comme cadeau du Kava, et les femmes ne boivent pas de Kava, cela aurait donc été une offense envers elle ! Voilà pourquoi il nous a conduits auprès du maire.  Selon Joe pour faire tout à fait juste il aurait dû nous amener directement le voir lui, Joe. Joe est en effet le « spokeman » du village, c’est lui qui sert d’intermédiaire entre le chef et les autres. Quand un membre du clan a une demande, comme par exemple obtenir un terrain pour construire sa maison. Il vient en parler au spokeman, celui-ci convoque les personnes concernées dans le village, organise et supervise les débats. Quand un accord est trouvé, il va voir le chef, lui expose la situation. Le chef a tout pouvoir de décision et son verdict est sans appel. Joe vivait avec sa femme Alesi à Lautoka, il travaillait comme charpentier. Il est revenu pour reprendre le rôle de spokeman quand son père a arrêté.

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Nous voici au sommet la vue est incroyable, au son de la marseillaise chantée par Odile (coupe du monde de rugby oblige !) nous hissons notre drapeau au sommet, c’est un drapeau fait dans un vieux paréo d’Alesi, bleu ciel à fleur de Tiare, cela nous va bien comme drapeau.  De retour au village, tout le monde sait que nous sommes montés là-haut, ils ont tous vu le drapeau, les plus observateurs féliciteront même Odile pour être arrivée la première ! Ici rien ne passe inaperçu !

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Sur l’ile il y a des chèvres sauvages. Aussitôt mes reflexes Marquisiens prennent le dessus et je lui demande s’il chasse. Non, ils n’ont pas de fusil au village, et de toute manière, les chèvres ne lui appartiennent pas. Lui  possède des cochons, mais ils sont devenus sauvages et il n’arrive pas à les attraper. Wild Pig ! Voilà de quoi s’amuser ! A ma proposition de faire un piège à cochon, Joe est enthousiaste. J’ai appris cette technique auprès de Jean-Pierre à Fatu Hiva. Je l’ai déjà expliqué à Maupélia à Hina pour qu’elle attrape sa grosse truie qui s’était échappée. (Je ne sais malheureusement pas si elle l’a eue).

 Apprendre un savoir-faire sur une ile et l’expliquer sur une autre, est très satisfaisant, c’est dans l’esprit du voyage, non seulement les hommes se déplacent mais aussi avec eux les connaissances, les idées, les savoir-faire et cela pour la technologie, l’artisanat, la cuisine et dans ce cas la chasse !

Nous voilà donc partis, avec du fil de pêche, de la corde fine mais solide et une machette. Le principe est simple, c’est la catapulte et le lasso. L’appât, c’est la coco, une branche de 4m de long et environ 5cm de diamètre, bien droite, souple et solide : la catapulte, le reste c’est un peu de savoir-faire.

 Schéma piège à cochon

Un bon schéma vaut mieux que deux pages d’explications, si ce n’est pas clair et que vous avez des questions, n’hésitez pas à me demander. Au fait, en France métropolitaine c’est du braconnage complétement interdit par la loi ! Et de plus je ne sais pas si vous aurez du succès avec des noix de coco auprès des sangliers.

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Le piège est armé on reviendra demain matin. Le premier matin le cochon est bien venu, le piège est désarmé, mais pas de cochon au bout. Le deuxième matin, le cochon est encore venu, cette fois il a été attrapé mais il s’est tellement débattu qu’il a cassé la branche, il est parti à cloche patte en emportant tout avec lui.

Malheureusement nous devons quitter la baie. Joe m’a promis de m’informer quand il attraperait un cochon.

Deux jours plus tard un appel, c’est Joe, il a attrapé un gros mâle. Il est super content. Promis quand on repassera l’année prochaine, on fera un lovolovo, le four Fidjien, même genre que le marquisien ou le tahitien, mais cette fois avec du cochon, et surement avec du kasava et du lait de coco !

Ah ! Au fait, vous savez comment on dit un homme blanc aux Fiji ?

 

Long Pig ! …………………. Good luck Captain Bligh !

 

    Panorama

 

 

 

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