Tsunami et Ua Huka
Ua Huka est la 3ième des iles habitées des Marquises du nord, les deux autres étant Hiva Oa et Ua Pou que nous connaissons déjà (un peu).
Elle nous tentait depuis un moment déjà. Pour l’instant nous avions toujours différé cette navigation car l’ile se situe plein est, et donc pour y aller nous avons les alizés et les vagues dans le nez, situation des plus inconfortables en voilier !
Nous avions prévu d’y venir il y a 15 jours. Nous étions alors mouillés dans la baie de Hooumi, le samedi 27 février nous avons été réveillés vers minuit par le téléphone ! Très inhabituel, déjà qu’il ne sonne jamais, alors à minuit ! Je le trouve évidement trop tard, et en regardant le numéro coupable, je m’aperçois qu’il s’agit de Mich, mon père. Il est 10H30 en France, je rappelle, « Il vient d’y avoir un très fort tremblement de terre au Chili, une alerte tsunami a été déclarée dans tout le Pacifique et en particulier en Polynésie ! ». Merci pour l’info et le réveil. Radio France Outremer ne passera l’information à la radio que vers 2H du matin, et le VHF vers 6H ! « La vague » étant annoncée à Nuku Hiva vers 7H30 on lève l’ancre vers 5H direction le large. L’onde du tremblement de terre « le Tsunami » se déplace à environ 700 km / Heure, la vitesse d’un avion. Les amplitudes en pleine mer sont de 30 à 50 cm, par contre dans les baies avec la diminution de la profondeur, l’amplitude peut être multiplié par 10, avec une onde toutes les 15 minutes, donc un phénomène identique à la marée mais toutes les 15 minutes au lieu de toute les 12H. Pour nous à quelques miles des cotes c’est la sécurité totale mais aussi la frustration, on ne se rend même pas compte du passage de ondes, et en plus pas un poisson ne mordra à nos lignes, on écoute les événements à la radio. A terre, c’est heureusement marée basse, les vagues créent des amplitudes de 4-5 m mais c’est surtout le retrait, selon les habitants qui est impressionnant, la plage se découvre sur une centaine de mètres, et pour certain la tentation fut grande de ramasser poissons et langoustes sur le sable. Au final, un bon entrainement d’alerte tsunami, efficace en Polynésie et quelques dégâts mineurs sur des bateaux restés aux amarres et sur les farés un peu trop près de la mer. Tant mieux. L’effet du tsunami se fera encore sentir pendant 2 jours avec de temps en temps des montées des eaux équivalentes à une marée haute en pleine marée basse, soit un mètre, c’est environ l’amplitude des marées ici.
Le niveau marée basse est normalement à la limite du sable ! Au cap, entre les deux baies à marée basse il y a normalement 3 m d’eau !
Du coup, nous avons écourté notre séjour à Hooumi et sommes revenus à Taiohae, inquiets pour nos amis et curieux de connaitre les effets du tsunami, au lieu de partir pour Ua Huka.
Mardi dernier la météo annonçait un alizé à 10 nœuds, pas de houle et du beau temps stable, excellente condition pour la route de Ua Huka, au moteur mais super confortable, tant pis pour les puristes. Après 6 heures de traversée nous mouillons dans la baie d’Hane derrière l’impressionnant Motu (ilot) du même nom. Magnifique. Au cours d’une ballade à terre, nous croisons Maurice au 
volant de son tout terrain, avec à son bord une famille de touristes, il s’arrête et nous propose de venir avec lui pour voir les pétroglyphes. Ce fut un régal, au cours de cette ballade il nous montre aussi bien les plantes que les sites archéologiques et les points de vue ; le tout toujours illustré par des anecdotes savoureuses, les pétroglyphes de la rivière et le bananier secoué par un fantôme. Le point de vu sur la montagne et l’histoire de la petite fille disparue et retrouvée au sommet de la montagne par Maurice et ses amis. La baignoire de la princesse du village, les fleurs savon poussant autour et les hommes du village passant et repassant sur le chemin juste au–dessus.
La pierre pour les tatouages, veritable palette du tatoueur, dans chaque trou sa couleur, pour être le chef ou un homme considéré, il fallait etre tatoué de la tête au pied.
Maurice est intarissable, si bien qu’en arrivant au village, il se rend compte qu’il a oublié d’aller récupérer les enfants à la sortie de l’école dans le village d’à coté. Son 4X4 sert aussi de ramassage scolaire. Pas grave, on fait encore un arrêt pour ramasser des citrons pour la citronnade, les « grands » sont rentrés à pied (3km), et des parents ont été cherchés les plus petits. Le soir nous retournons manger à la pension, au menu : langouste grillée. Quand nous arrivons à table les langoustes annoncées sont bien là, accompagnées d’un sashimi de tazard au caramboles, de tazard grillé, de chèvre grillée et d’une salade de riz. Maurice mange avec nous et les histoires de l’ile vont bon train.
Eglise et Tiki de Hane : maintenant les évangiles ont pris le dessus sur les cultes ancestraux, mais les croyances dans le « mana » demeurent !
Nous devons repartir dimanche pour Nuku Hiva. A Ua Huka nous n’avons pour l’instant vu qu’une baie et encore à peine effleuré ses trésors. Il nous faudra revenir et passer plus de temps, surtout qu’ici au pied du motu la pêche est excellente et pas de ciguatera.
Et enfin notre premier Mai-Mai !
Avant Après