Samoa : Visite à Robert
Attention ne pas confondre Samoa Américaine avec Western Samoa … En pleine époque coloniale les Samoa ont eu la particularité d’être cogérés par trois pays, Angleterre, USA et Allemagne. Cette cogestion semble avoir donné lieu à des situations assez cocasses. Témoin de cette époque, Robert Louis Stevenson c’est installé à Apia (1889) sur l’ile d’Upolu ; il y est même mort et enterré(1894). Son livre « Dans les mers du sud » est un témoignage intéressant. Très intéressant aussi le livre de Alexandra Lapierre sur Fanny Osborne Stevenson (la femme de Robert) et à mon gout plus intéressant car dépourvu du ton colonialiste-condescendant-hautain qu’avait l’aristocratie Anglaise de l’époque (indeed !).
Pour en revenir au sujet, fin 19ième les 3 puissances, se mirent d’accord pour se partager les îles. Ce fut après un événement illustrant bien la stupidité coloniale de l’époque. Les trois forces coloniales avaient des navires de guerre dans la baie d’Apia. Un cyclone s’approchait, aucun des gouverneurs de l’époque ne voulut que sa flotte ne quitte la baie en premier. Moralité, tous les bateaux ont coulé ou se sont échoués avec un bilan humain deplus de 200 morts. Les habitants des Samoa ont vu cela comme un « acte de Dieu ». Bien sûr, déjà à cette époque ils étaient très religieux, la 4ième puissance, l’église, avait fait, elle un excellent travail !
Les US gardaient les iles les plus à l’est devenues US Samoa, malheureusement devenues peu intéressantes , selon les échos de pontons! Même au dire des citoyens Américains.
Les anglais annexaient les Tongas (1893), qu’ils ont abandonnées depuis au roi des Tongas (1970) ; mais en les gardant dans le Commonwealth avec uniforme à l’école, rugby et cricket ! Une des plus grandes arnaques de l’histoire ! (Avis très personnel sur la question !).
Les allemands gardaient les Western Samoa, soit les deux iles voisines d’Upolu et de Savaii. En 1914, une expédition Néo-Zélandaise, reprit sans un coup de feu les Western Samoa aux Allemands (il semblerait que ceux-ci avaient autre chose à faire en Europe !). C’est en 1947 que les Western Samoa acquirent leur totale indépendance.
Stevenson était (et est toujours) très populaire aux Samoa. Il a semble-t-il, toujours pris position pour la défense des habitants face aux consuls. Il a acheté une belle propriété de 162 hectares au-dessus d’Apia, et s’est fait construire une « cabane » sans prétention de deux étages en bois précieux (la construction a pris deux ans). Il a fait venir d’Ecosse un peu du mobilier du château familial et le reste des US , en particulier la chambre pour sa mère (Maggie !) et le coffre-fort !!!!
La comparaison avec l’habitat actuel des habitants des Samoa serait vraiment faire preuve de mauvais esprit. Les gens vivent en clan (Aiga), famille élargie avec à sa tête le Matai (chef du clan). Il décide de la répartition de l’habitat de la nourriture et du travail.
Même les expatriés continuent à obéir au Matai, en envoyant régulièrement argent, marchandises et même voiture à la famille restée au village. Les Fale (maisons) d’habitations sont construits autour du Fale communautaire. Les maisons sont très simples, une simple dalle surélevée avec des piliers supportant un toit. Ouvertes de tous les côtés elles sont donc très aérées. Des nattes (voir maintenant de bâches) peuvent être déroulées pour protéger du vent et de la pluie. Le mobilier est minimum, des matelas, entassés dans un coin pendant la journée et des nattes pour s’assoir par terre.
R.L. Stevenson était malgré tout très populaire. Il souhaitait être enterré au sommet du mont Vaea (475m) dominant sa propriété et la baie d’Apia. Il n’y était jamais allé, et pour cause… il n’existait pas de chemin pour monter. Le jour de sa mort Fanny (sa femme) informa les chefs du souhait de Robert. Plus de 200 personnes sont venues et ont travaillé toute la nuit pour tracer un chemin dans la montagne afin que l’enterrement puisse avoir lieu le lendemain avant midi (sous ces latitudes il ne faut pas trop trainer !). La montée pour accéder à sa tombe prend environ 45 minutes, il vaut mieux l’entreprendre le matin et ne pas hésiter à prendre de l’eau. Les mormons ont repris la propriété et entretiennent la maison transformée en musée et le jardin. Ils n’ont pas eu l’autorisation d’installer un téléphérique pour accéder à la tombe, tant pis les retraitées voyageant sur les paquebots se contenteront des photos.
Robert, j’espère que tu excuseras mon ironie, et en tout cas merci encore pour l’île au trésor. Et bien sûr merci aux habitants des Samoa pour leur excellent accueil et bravo pour la belle performance en coupe du monde. Go Manu Go.
