La triste fin de Vodka Pom

Publié le par Voyage du catamaran Lifou

Au lever du jour, ce matin-là, j’entends un moteur proche de notre bateau, pensant à une visite, je jette un œil. A proximité non pas un mais deux bateaux à moteur, l’un remorquant l’autre. Un homme jette l’ancre du bateau remorqué, déroule de la chaine, puis remonte sur le second bateau, et ils repartent aussi furtivement qu’ils sont arrivés.

Les réactions ne se font pas attendre,  ça cause dans le mouillage, attitude bizarre, d’où vient ce bateau ? Pourquoi l’avoir poser là comme cela furtivement ? En plus il est un peu près d’un autre bateau  avec peu de vent ils pourraient rentrer en contact.

Les jours passent, personne ne vient à bord. Certains se renseignent à droite à gauche. On ne sait ni à qui il appartient, ni qui l’a posé là. Les seules choses que l’on sait : c’est un bateau moteur de 10 m, avec cabine et poste de pilotage sur le roof, un Bayliner 3058, qui est immatriculé à Nouméa et qui s’appelle Vodka Pom, un nom qui fait rêver !

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Un mois passe, coté Vodka Pom, c’est la tristesse, le lot de tant de bateau, achetés par leur propriétaire pour profiter de la mer, et qui finalement après une première année assez active, bougent de moins en moins et finissent par être « oublié » au port ou au mouillage.

Une statistique a été faite il y a quelques années, sur l’ensemble des bateaux dans les ports français, le nombre moyen de jours de sortie en mer par année et par bateau est de 15 jours ! En y réfléchissant un peu, beaucoup de propriétaires auraient intérêts à pratiquer la location, ils passeraient plus de temps en mer, sans avoir les contraintes et les coûts de maintenance.

Depuis quelques jours, Vodka Pom prend un peu de gite sur le côté tribord. Après être allé voir d’un peu plus près, il semblerait que l’eau entre par la cale. Que faire dans ce cas ?

Le 16 est unnuméro magique, par le système VHF, on tombe directement sur les secours. Selon les endroits, sur le secours en mer, les douanes, la gendarmerie. En mer ce sera les autres navigateurs, professionnels ou plaisanciers, toujours à l’écoute, et prêts à aider ne cas de besoin. Le 16 fonctionne  aussi par téléphone, dans ce cas en Calédonie on tombe sur le SNSM (les sauveteurs en mer).  J’appelle donc le 16, par téléphone, le gars très sympa prend les références du bateau et dit qu’il appelle la capitainerie pour qu’il contacte le propriétaire. Les sauveteurs en mer n’interviennent que pour la protection des personnes, pas des biens.

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Vodka Pom, lui, a de la visite, toute la baie défile, personne n’aime voir un bateau couler. Les appels au 16, à la capitainerie des Ports, aux affaires maritimes se succèdent. Ces derniers sont détenteurs des immatriculations des bateaux, et donc connaissent le nom du propriétaire. Par contre, ils n’ont pas le droit de le communiquer. Dommage, j’étais prêt à prendre un peu de temps pour le retrouver. Pas question non plus de remorquer le bateau, de monter à son bord ou d’intervenir de quelque manière que ce soit pour essayer d’éviter le pire. En effet si le propriétaire l’apprend, il peut se retourner contre le « sauveteur » et du coup l’accuser d’avoir provoqué le sinistre.

Bref on regarde, on cause, on s’indigne mais on ne touche pas.

Le 28 mars de 15H57 à 16H03 la catastrophe annoncée se produit, Vodka Pom sombre.

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C’est le cœur retourné que l’on a assisté impuissant à la scène.

A suivre …….

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