Eiao, l’île aux moutons
L’archipel des Marquises est composé de deux groupes d’iles, les iles du sud Hiva Oa, Tahuata et Fatu Hiva et les iles du nord, dont trois sont habitées, Nuku Hiva, Ua Pou et Ua Huka, et une inhabitée Eiao la plus au nord.
Les marquisiens du nord veulent tous aller à Eiao. Ils veulent aller à la chasse, c’est en effet la seule ile de l’archipel où vivent des moutons et il y a aussi beaucoup de cochons. Plusieurs fois nous étions prêts à partir, mais la mer était mauvaise aux yeux de nos amis, peu d’entre eux sont des marins, et la peur du mal de mer a eu raison de leur motivation. Jean et Monique du bateau Escampette ont planifié le voyage avec David et Rémy, l’autorisation de mouillage et de chasse a été obtenue à la mairie, nous partons donc à deux bateaux avec deux marquisiens Dave et Mai.
Plusieurs aller-retours au quai sont nécessaires pour charger le matériel, les tonneaux et le sel pour conserver la viande, le matériel de plongée pour les « popaas » qui veulent profiter des fonds marins, le matériel pour la chasse sous marine, boissons, régime de banane, pamplemousses …. Et Le chien de Dave : « El Gat ». 80 miles nautiques à faire on décide de partir le soir pour arriver le lendemain matin.
La navigation est tranquille, Mai assure son quart de minuit au petit matin, à la guitare ! La nuit fut paisible pour nous.
A l’arrivée sur Eiao Escampette attrape un gros thon jaune de 20Kg. On ne va pas mourir de faim !
On mouille dans la baie par 12 m de fond de sable, un peu de ressac mais le mouillage est sûr.
Les chasseurs ont des fourmis dans les fusils, et se préparent. Dave s’affole il ne trouve plus son fusil ! On cherche sur les deux bateaux, rien ! Il l’a oublié sur le quai à Taiohae. Quand on connait les histoires d’amour des Marquisiens avec leur fusil, on croit rêver ! Pas de téléphone satellite, à la VHF et à la Blu personne ne répond. Bon on verra cela en rentrant. Pour la chasse ils se débrouilleront. On les débarque à terre, on se retrouvera sur le plateau plus tard.
Dans les années 50 la France cherchait une alternative au désert algérien pour effectuer ses essais nucléaires, l’île d’Eiao déjà inhabitée à l’époque, avait été choisie. Une base militaire a donc été installée au sommet de la montagne, la préparation du site avait déjà commencé. Lors de sondages, les géologues (heureusement qu’il n’y avait pas que des militaires !) ont découvert que l’île était creuse et qu’il y avait une énorme nappe d’eau souterraine, l’île aurait été trop fragile pour résister à des tirs nucléaires souterrains. L’armée s’est donc repliée sur Mururoa, malheureusement maintenant tristement célèbre dans le monde entier ! Il y a quelques jours le 1er avril, la radio Polynésie Première a informé ses auditeurs que le président Sarkozy lors de son passage au japon a proposé le site de Mururoa aux japonais pour enfouir leurs déchets radioactifs ! Ca c’est du poisson d’avril !
Les militaires ont donc quitté Eiao, ….. En laissant tout sur place ….. Pas grave, à part les moutons et les cochons, l’île est déserte. Suite aux protestations de la Polynésie et des Marquises, ils sont revenus déménager. La rumeur court que les fonds marins avoisinant ont accueilli les déchets !
La montée sur le plateau est assez courte mais abrupte, 500 m de dénivelé. Le plateau est magnifique. On retrouve les chasseurs au pied de l’escalier, c’est tout ce qui reste de la maison de Georges Decaune, qui est resté sur Eiao un an dans les années 60 et faisait tous les jours une émission de radio depuis là-bas.
La chasse est bonne. Les sacs lourds à la descente ! Dave « Chanel » marche devant, il a accroché ses trophées à l’extérieur de son sac ! Une infection ! On est obligé de marcher 50 mètres derrière, comme il préfère ne pas être seul et causer il nous attend tout le temps. La descente nous parait interminable. Il utilisera ses trophées pour ses sculptures, qui sont superbes.
Au campement les feux sont allumés il faut en effet faire de la fumée pour éloigner les mouches de la viande. Ce soir grillade de mouton, et comme les mouches sont couchées, atelier boucherie. Il faut en effet découper la viande pour la mettre au gros sel dans les tonneaux.
Le deuxième jour la houle se lève et le mouillage devient très inconfortable surtout pour le monocoque, on décide donc de repartir le soir, Dave et Mai sont d’accord ils ont fait le plein de moutons et cochons.
On repart pour une nuit de navigation. Arrivé à vue de Nuku Hiva, Dave commence à s’énerver, il aimerait bien savoir ce qu’il en ait du fusil. Il appelle sa femme, pas de nouvelles. Il appelle ses amis qui étaient sur le quai lors du départ, toujours pas de nouvelles. La mort dans l’âme il appelle la gendarmerie : « Allo qui c’est ! …. Ah ! … Dis donc là c’est Dave ….. On t’a pas ramené un fusil ?.... Ah non ?.... Je l’ai oublié sur le petit quai avant-hier ! … Bon d’accord je passe en arrivant. ». Le fusil n’est pas à la gendarmerie, une engueulade en prévision, la peur qu’un gamin l’ait pris et peut-être la perte du permis de chasse.
On apprendra plus tard que les gendarmes avaient récupéré l’arme, mais ne lui ont rien dit pour que cela lui serve de leçon ! Dave pas dégonflé, leur a rétorqué : « Et vous ? On a appelé sur la VHF 16 personne n’a répondu…. Qui c’est qui faisait la permanence ? ».
En arrivant sur Nuku Hiva nous faisons une pause à la baie Marquisienne, baie sous le vent de l’île complètement désertique. Là aussi les paysages sont splendides. Les chasseurs insatiables partent cette fois chasser des chèvres. De notre coté nous marchons le long de la cote pour aller jusqu'à chez Titi et Mamo, qui ont créé une véritable oasis au milieu du désert. Superbe expédition recommandée.
Pour plus de photos consulter l’album photos Eiao.